Journaliste : Girafe, l’écrivez-vous avec un ou deux « f » ? Charrette, deux « t » et deux « r » bien sûr. Mais charretier ? Pourquoi un seul « t » ? Avec ses multiples règles – et exceptions à la règle –, l’orthographe a toujours fait couler beaucoup d’encre. Certains la considèrent comme le pire des cauchemars. Enseignant : Professeur, ça s’écrit comment ? Enfants : P-R-O-P-H-E…S…U…ça s’écrit… c’est pas ça ! Femme qui dicte : À quatre mois… Journaliste : Qui a oublié ces sinistres dictées au ton monocorde ? Femme qui dicte : ….il mangeait comme deux hommes. Homme qui dicte : Fascinés par ces images mouvantes comme ils le sont par les vitrines animées des grands magasins. Journaliste : Pour d’autres, l’orthographe est un délice. Ces accros avec deux « c » poussent le vice jusqu’à participer à des concours d’orthographe inventés en Belgique en 1984. Journaliste : Pourquoi vous participer à ce concours ? Participante : Parce qu’on aime bien le français, on est bons en orthographe, alors on vient. Si même on ne gagne pas, on essaie de gagner. Même si on ne gagne pas, on participe. C’est le principal. Homme qui dicte : Voluptés ambiguës et affres enfiévrées des joutes orthographiques. Homme au micro : Écoutez bien : zéro faute à la dictée, zéro faute à tous les tests. Journaliste : Champion de France avec Bernard Pivot, ce professeur d’Hazebrouck, a même remporté en 1992 le premier championnat du monde d’orthographe. Il passe jusqu’à 13 heures par jour plongé dans son dictionnaire. Bruno Dewaele : Je suis de ceux qui pensent que passer ses vacances dans le Larousse, ça peut être aussi attrayant que de les passer dans le Larzac. Journaliste : L’orthographe française est une des plus complexes du monde. Impossible de s’en remettre à la logique comme nous l’explique ce spécialiste. Spécialiste : Deux « n » à honneur et un « n » à honorer, deux « f » à siffler, un « f » à persifler. Et on pourrait multiplier ainsi des exemples qui montreraient que la logique française n’est pas aussi parfaite qu’on le dit. Journaliste : Certains proposent alors une réforme radicale. Homme : C’est l’orthographe phonétique : on pas par se cil i a de meier san gid et san zefor, on fe se con pe, vous voyez, on ne pa de be. Jacques Chirac : Il y a un certains nombres de réformes qui peuvent être apportées dans l’orthographe de la langue française, ne serait-ce que parce que cela ne correspond en fait à rien, mais plutôt au hasard ou aux habitudes.
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3Regardez la deuxième partie (02:31-fin), puis répondez aux questions.
Aide lexicale : le mandarin : lettré, personne savante tkt (langage SMS) : Ne t‘inquiète pas, t‘inquiète (fam.)
Journaliste : Et pourtant depuis trente ans, tous les projets visant à simplifier l’orthographe provoquent une levée de boucliers. C’est « touche pas à ma langue ». Homme interviewé : On va vers un langage à deux vitesses, avec un langage de mandarin et un langage, disons, pour les défavorisés. Homme à la télévision : Plus de trait d’union pour week-end, comme si les week-ends n’étaient pas déjà assez courts ! Journaliste : En 2016 comme en 1990, écrire nénuphar avec un simple « f », ça ne passe pas. Homme interviewé : Ça c’est une décadence de la langue. Commerçant interviewé : On va finir en format SMS, tout simplement, avec des « t’inquiète » marqués tkt. Jacques Capelovici : Garcon, des glacons s’il vous plaît. Ah, où ai-je la tête ! Garçon, des glaçons avec deux cédilles ! Merci ! Journaliste : Ce serait drôle, si les fautes d’orthographe n’étaient pas un outil de sélection. Cette jeune fille qui cherchait en 2014 un stage en entreprise l’a appris à ses dépens. Recruteuse : J’ai vu sur votre CV un certain nombre de fautes, ainsi que sur la lettre de motivation. Vous me confirmez ce point ? Candidate : Oui. Journaliste : Elle n’a pas été recrutée, mais s’est depuis beaucoup améliorée. De nombreuses entreprises proposent aujourd’hui des formations pour aider leurs salariés à atteindre le zéro faute. Formateur : Alors question 17 : « Ne craignez-vous pas un retard de sa part ? ». Donc « craignez » on peut l’écrire : proposition A -iez… C’est une question d’image de marque et c’est une question de confiance. On se rend compte que, moins on fait de fautes, plus ça génère de la confiance de nos clients. Journaliste : L’orthographe semble un mal nécessaire dont il ne faut surtout pas sous-estimer les conséquences. La prochaine fois que vous écrirez une lettre d’amour, pensez-y Chanson En relisant ta lettre par Serge Gainsbourg : Tant de rancune. T’as pas de cœur, y’a pas d’erreur, là y’en a une, j’en mourirai n’est pas français. Ne comprends-tu pas, ça sera ta faute, ça sera ta faute, là y’en a pas.
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4 C’est à vous !
Êtes-vous bon en orthographe ? Que pensez-vous des réformes orthographiques ?
Quels conseils donneriez-vous à une personne pour qu’elle améliore son orthographe ?