Le logiciel Chat GPT va-t-il révolutionner le monde du travail – Compréhension orale B2

France Inter
Animatrice de radio : Béatrice Mathieu, votre « Histoire économique » concerne Chat GPT, ce logiciel qui fait tant parler. Il émerveille autant qu’il effraie. Quelle conséquences peut-il avoir pour l’emploi ?
Béatrice Mathieu : Alors je précise, Mathilde, que cette chronique n’a pas été écrite avec l’aide de Chat GPT, cette intelligence artificielle générative développée par l’entreprise californienne Open AI et qui vient de sortir la version 4. Mais peut-être que dans quelques années, autour de cette table, les chroniques du 5-7 seront rédigées et même lues par un programme informatique aux capacités bluffantes – à part celles évidemment de Daniel Morin.
Animatrice de radio : Alors là l’ordinateur ne peut pas…
Béatrice Mathieu : Alors le 15 mars dernier, Chat GPT a réussi haut la main le très difficile examen d’entrée au barreau américain, se classant même parmi les 10 % de candidats les plus brillants. Alors évidemment se pose une question presque existentielle : pourquoi continuer à payer – cher – des avocats pour qu’ils rédigent une plaidoirie qu’une machine peut écrire en une poignée de seconde ?
Une très sérieuse étude de quatre chercheurs de l’Université de Pennsylvanie aux États-Unis et publiée lundi dernier, révèle que pour 80 % des salariés américains, une intelligence artificielle pourrait s’acquitter de près de 10 % de leurs tâches quotidiennes. Et pour 20 % d’entre eux, c’est quasiment la moitié de leur job qui pourrait être fait par ce type de programme informatique. En clair, on pourra faire demain, autant et aussi bien avec moins de gens.
Animatrice de radio : Et quels sont les métiers qui sont les plus en danger ?
Béatrice Mathieu : Ben c’est la principale différence avec les grands bonds technologiques du passé. Jusqu’à présent, ce sont plutôt les emplois les moins qualifiés qui avaient souffert et même disparu sous l’impact des grandes vagues d’innovations : le maréchal-ferrant avec l’automobile ou le loueur de DVD avec les plateformes de streaming.
Aujourd’hui, ce sont les emplois dits intellectuels qui sont menacés : tous les métiers du droit (les avocats, les notaires, les juristes, les consultants, les journalistes…). Les auteurs de l’étude affirment même que plus le salaire est élevé plus la probabilité d’être remplacé par une intelligence artificielle sera forte.
L’animatrice de radio : Et est-ce que dans le même temps d’autres emplois vont apparaître ?
Béatrice Mathieu : Oui, c’est la magie de la théorie de la destruction créatrice, développée par l’économiste autrichien Joseph Shumpeter. Dans l’histoire, elle s’est révélée vraie.
Le problème, aujourd’hui, c’est la rapidité du choc et le laps de temps qui va s’écouler entre le moment où des emplois vont disparaître et le moment où d’autres nouveaux jobs vont apparaître. Avec les impacts sociaux et politiques que cela implique.
Mais il y a aussi un effet très positif à cette révolution de l’intelligence artificielle : la revalorisation des métiers manuels ; car si Chat GPT peut vous apprendre la technique des babas au rhum ou des macarons, rien ne remplacera le palais et le tour de main du pâtissier.
Animatrice de radio : C’était l’«Histoire économique » avec Béatrice Mathieu de l’Express [magazine hebdomadaire].