Voix hors champ : Les romans à l’eau de rose, la romance, c’est une littérature un peu taboue, un peu décriée. Et pourtant, même si la lectrice en général c’est une femme plutôt jeune, vous allez voir il n’y a pas de profil type. Lectrice interviewée : J’ai fait des études littéraires. Et finalement, à force de lire des classiques, j’avais vraiment besoin de me détendre et d’aller au-delà d’une espèce de snobisme littéraire, puisque justement on taxe vraiment cette littérature de sexiste, de peu actuelle. Et en fait, j’ai vraiment trouvé un espace d’évasion. Voix hors champ : La littérature sentimentale, un créneau qui cartonne depuis quelques années. Chez Harlequin par exemple, on vend cinq millions de livres par an. Et la nouveauté, c’est que dans cet univers très anglo-saxon, les Françaises commencent à prendre beaucoup, beaucoup de place. Sophie Lagriffol : Les auteures françaises, elles reprennent le genre des Anglo-Saxonnes, mais elles se l’approprient vraiment. C’est-à-dire qu’elles vont détourner les codes, elles vont l’ancrer vraiment en France et faire passer des messages sur l’évolution de la société, sur l’évolution de la femme. Voix hors champ : En France, la star du roman rose vit en banlieue parisienne : Émily Blaine. C’est un pseudo. Elle est cadre à la SNCF et elle écrit des romances dès qu’elle a du temps, le soir ou le week-end. Là, elle commence juste un 250 pages. Émily Blaine : Alors c’est l’histoire d’une libraire. Donc je reste dans un domaine que je maîtrise et que je connais, le monde du livre. Qui va accueillir un peu contrainte et forcée une espèce de repris de justice, pas très très agréable. Et donc ils vont devoir s’apprivoiser l’un et l’autre. Voilà. Voix hors champ : 600 000 exemplaires vendus depuis cinq ans. Émily Blaine, c’est un peu la Barbara Cartland française. Émily Blaine : La collection complète ! Voix hors champ : À 36 ans, elle a déjà écrit une vingtaine de romans sentimentaux. Et la mauvaise image qui colle à ce type de littérature la contrarie beaucoup. Émily Blaine : En France, on a une vision extrêmement élitiste du métier de la lettre et du métier de l’édition en fait. Et c’est vrai qu’on estime que c’est un sous-genre et du coup c’est un peu décrié effectivement. C’est quand même un sous-genre qui brasse énormément de gens, énormément de lectorat et, évidemment, énormément d’argent. Et du coup, je trouve ça un peu dommage de pointer ce lectorat en disant : « Ah, c’est pas bien ce que vous lisez. » ou « C’est pas le Goncourt, machin ». Voix hors champ : Alors non, ce n’est pas le Goncourt, mais contrairement à un auteur de prix littéraires, Émily Blaine a beaucoup de fans sur son site internet. Lectrice : On sort des sentiers battus : enfin des héroïnes auxquelles on peut s’identifier, des femmes fortes, des femmes rondes, des femmes rebelles, maladroites, qui ont du caractère. Lectrice : Des belles histoires d’amour, du fun souvent parce que les héroïnes se mettent dans des situations assez improbables. Du rêve. Et si j’ai droit un petit mot bonus, je dirais des beaux garçons, parce que ça fait toujours plaisir. Voix hors champ : Une littérature en plein boom : Harlequin numéro un du genre compte quand même sept millions de lectrices en France.
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Compréhension orale B2 (0:55-3:12) : De la romance au roman, de l’eau de rose à l’amour
Yvan Amar reçoit dans son émission de radio Karine Lanini, directrice éditoriale déléguée chez Harper Collin France, qui est entre autres l’éditeur des célèbres éditions Harlequin qui publient, depuis 1949, des romans d’amour. Écoutez un extrait de cet interview (0:55-3:12), puis répondez aux questions.
[Intro] Je sais que j’ai fait n’importe quoi et je suis désolé. Si y’a une personne au monde plus importante pour moi que l’oxygène pour respirer, cette personne c’est toi. Et il est hors de question que tu partes où que ce soit. Je t’aime. – Il était temps. Y.A. : Bonjour Karine Lanini. K.L. : Bonjour. Y.A. : Quand on pense à ces romans d’amour qui sont des romans qui font battre des paupières et parfois qui font battre le cœur, on pense toujours à cette expression un petit peu désuète et très charmante : « le roman à l’eau de rose ». Est-ce que c’est une expression qui s’emploie encore à votre avis ? K.L. : Alors c’est une expression qui s’emploie encore, qui est sans doute pas très juste parce que, quand on dit roman à l’eau de rose, on a souvent… ça renvoie à quelque chose d’assez doux… c’est… Y.A. : C’est un peu, c’est un peu moqueur. K.L. : C’est un peu moqueur. En fait voilà, les gens qui… Y.A. : C’est pas vraiment péjoratif, mais quand même. K.L. : C’est quelque chose qui est pas très important. C’est quelque chose qui est pas très intense. C’est un… un petit bonbon. On pense Barbara Cartland. On pense à des choses très douces. Alors qu’en fait le roman sentimental, c’est un peu tout le contraire et, c’est mon avis, ce qui fait que les gens aiment autant lire des romans, c’est que… une romance par définition, c’est un couple qui ne peut pas exister, qui va surmonter des obstacles pour pouvoir exister à la fin. Donc, c’est tout sauf doux. C’est-à-dire, si dès le départ les personnages s’aiment, ben y’a pas d’histoire en fait. Ce qui est un peu le principe de base de toute la littérature. Il faut avoir quelque chose à raconter. Et ce que les romans se racontent, c’est des histoires d’amour qui sont impossibles et qui vont devenir possibles. Et plus c’est impossible, au départ, plus c’est intéressant. Donc, on est souvent dans des situations extrêmement conflictuelles. Alors c’est pas Roméo et Juliette, parce que Roméo et Juliette à la fin ça finit mal. Parce que c’est l’autre spécificité du roman d’amour, c’est que la romance, ça finit bien. Sinon on n’est pas dans une romance. On est dans autre chose, on est dans un autre type de littérature. Et la romance, ça n’est pas tout rose. Au contraire, c’est beaucoup d’émotions très intenses qui vous transportent dans des univers auxquels vous ne vous attendiez peut-être pas. Et puis qui, à la fin, se finissent bien. C’est peut-être pour ça qu’on a parlé d’eau de rose parce que, à la fin, la vie est… on est dans des pétales de rose. Mais au début, on est plutôt avec les épines qu’avec les pétales.
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C’est à vous !
Quelle est pour vous la plus belle histoire d’amour jamais écrite ? Qu’est-ce qui la distingue des autres ?