« C’est pas sorcier » est un magazine français de vulgarisation scientifique diffusé de 1993 à 2014 sur la chaîne de télévision France 3. Cette émission très populaire auprès des enfants était animée par trois présentateurs : tandis que Jamy expliquait les phénomènes scientifiques à bord de son camion laboratoire, ses deux acolytes Fred et Sabine partaient sur le terrain pour s’entretenir avec des spécialistes. Sans oublier les invisibles « petite voix » et Marcel, le chauffeur du camion.
Les types de mémoire (début-4:38)
La petite voix : Aujourd’hui, nous allons mettre à l’épreuve notre mémoire et apprendre à bien l’utiliser. Pendant que Fred va passer une batterie de tests, Jamy s’installe au musée de la médecine de l’université Paris Descartes. Nous verrons quelles sont les stratégies pour bien apprendre un cours, nous testerons l’efficacité des jeux de mémoire qui prétendent améliorer les performances de notre cerveau. Enfin, le comédien François Morel nous racontera un mémorable trou de mémoire. Mais pour bien utiliser notre mémoire, il faut d’abord comprendre comment elle fonctionne.
Pascale Piolino : Et vous allez voir apparaître des objets, très rapidement, et dès que vous verrez apparaître deux voitures rouges, vous allez essayer de me rapporter à chaque fois quel objet vous avez vu, à quel endroit vous l’avez vu et dans l’ordre que vous l’avez vu.
Fred : Bon alors, moi je vais guider le piéton, mais tout le monde peut tester sa mémoire en même temps que moi.
Un arbre au milieu, une chaise sur la droite.
Une chaise au milieu, un tricycle à droite et un drapeau à gauche.
Une enceinte à droite, une poubelle à gauche et au milieu un drapeau, je crois.
Ça va vite. Alors, j’avais une enceinte à droite, la boîte aux lettres à droite… ça continue déjà ! Je suis perdu ! J’en peux plus !
Pascale Piolino : Merci quand même, c’est très bien Fred.
Fred : C’est vrai ? Alors expliquez-nous ! Ce que vous venez de tester sur moi, c’est quoi ? C’est ce qu’on appelle la mémoire à court terme, c’est ça ?
Pascale Piolino : Voilà. C’est la mémoire où vous maintenez des informations pendant un laps de temps vraiment de quelques secondes uniquement. Puis, aussitôt que vous vaquez à une autre occupation, c’est effacé de votre mémoire.
Fred : Alors, « mémoire de travail » on l’appelle aussi ?
Pascale Piolino : Alors on l’appelle mémoire de travail. C’est le terme actuel pour marquer son côté dynamique et le fait que ce n’est pas une mémoire passive, ça nous permet de gérer plein d’informations en même temps.
Fred : Alors dans cette mémoire de travail, ou avec cette mémoire de travail, on peut retenir à peu près combien d’informations dans ce cas de figure.
Pascale Piolino : Alors, en général, le nombre moyen, le chiffre magique c’est sept ; sept informations, mais lorsqu’elles sont d’un simple schéma, donc uniques. Par exemple, retenir des chiffres ou retenir la position spatiale d’un objet, ben là ça serait sept.
Fred : Bon alors, j’aimerais m’entraîner un tout petit peu. En tout cas Jamy, c’est ce qu’on appelle la mémoire à court terme ou la mémoire de travail.
Jamy : On va tâcher de s’en souvenir, même si c’est une mémoire éphémère. Typiquement, c’est la mémoire qu’on utilise quand on lit. On se souvent du début d’une phrase pour en comprendre la fin… que l’on oublie dès qu’on passe à la phrase suivante. C’est également la mémoire que l’on utilise quand on compose un numéro de téléphone qu’on vient de nous donner oralement, numéro qu’on oublie aussi dans la foulée. À côté, il y a ce qu’on appelle la mémoire à long terme. C’est un gros morceau, elle rassemble plusieurs types de souvenirs, plusieurs sous-dossiers en quelque sorte. D’abord, il y a la mémoire épisodique. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un épisode de notre vie, d’événements plus ou moins marquants. On va par exemple se souvenir des personnes que l’on a croisées le matin dans l’ascenseur, en allant au travail, du match de football auquel on a participé le week-end précédent, de son dernier anniversaire, du premier baiser, du premier vélo. Tous ses souvenirs ont un point commun, on les replace automatiquement dans leur contexte : la date, le lieu, les personnes qui étaient présentes au moment où l’action s’est déroulée. Ensuite, il y a la mémoire sémantique. Elle héberge d’une part nos connaissances générales, c’est-à-dire le sens des mots, les dates que l’on a apprises à l’école, le nom des personnages, des capitales, et elle héberge également nos connaissances personnelles, tout ce qui nous touche personnellement, notre histoire. On se souvient par exemple de l’adresse où on habitait quand on était petit, du nom d’un instituteur qui nous a marqués. Enfin, il y a la mémoire procédurale : savoir faire du vélo, par exemple, tenir son couteau ou sa fourchette, jouer d’un instrument. Bon ben, j’espère que je n’ai rien oublié.